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l’un est abandonné, tandis qu’un autre reçoit des grâces si abondantes ; pourquoi celui-ci n’a que des afflictions, et celui-là est comblé d’honneurs.

Tout cela est au-dessus de l’esprit de l’homme, et nulle raison ne peut, quels que soient ses efforts, pénétrer les jugements divins.

Quand donc l’ennemi vous suggère de semblables pensées, ou que les hommes vous pressent de questions curieuses, répondez par ces paroles du Prophète : Vous êtes juste, Seigneur, et vos jugements sont droits[1].

2. Et encore : Les jugements du Seigneur sont vrais et se justifient par eux-mêmes[2].

Il faut craindre mes jugements, et non les approfondir, parce qu’ils sont incompréhensibles à l’intelligence humaine.

Ne disputez pas non plus des mérites des Saints, ne recherchez point si celui-ci est plus saint que cet autre, ni quel est le plus grand dans le royaume des cieux.

Ces recherches produisent souvent des différends et des contestations inutiles ; elles nourrissent l’orgueil et la vaine gloire, d’où naissent des jalousies et des dissensions ; celui-ci préférant tel Saint, celui-là tel autre, et voulant qu’il soit le plus élevé.

L’examen de pareilles questions, loin d’apporter aucun fruit, déplaît aux Saints. Car je ne suis point un Dieu de dissension, mais de paix[3] ; et cette paix consiste plus à s’humilier sincèrement qu’à s’élever.

3. Quelques-uns ont un zèle plus ardent, une affection plus vive pour quelques Saints que pour d’autres ; mais cette affection vient plutôt de l’homme que de Dieu.

C’est moi qui ai fait tous les Saints, moi qui leur ai donné la grâce, moi qui leur ai distribué la gloire.

Je sais les mérites de chacun : je les ai prévenus de mes plus douces bénédictions[4].

  1. Ps. cxii, 137.
  2. Ps. xviii, 9.
  3. I Cor. xiv, 33.
  4. Ps. xx, 3.