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alors il ne lui reste qu’à tomber à genoux et se frapper la poitrine, parce qu’il n’en est plus pour lui comme aupa ravant, lorsque votre lumière resplendissait sur sa tête[1], et qu’à l’ombre de vos ailes, il trouvait un abri contre les tentations[2].

3. Père juste et toujours digne de louange, l’heure est venue où votre serviteur doit être éprouvé.

Père aimable il est juste que votre serviteur souffre maintenant quelque chose pour vous.

Père à jamais adorable, l’heure que vous avez prévue de toute éternité est venue, où il faut que votre serviteur succombe pour un peu de temps au dehors, sans cesser de vivre toujours intérieurement en vous.

Il faut que, pour un peu de temps, il soit abaissé, humilié, anéanti devant les hommes, brisé de souffrances, accablé de langueurs, afin de se relever avec vous à l’aurore d’un jour nouveau, et d’être environné de splendeur dans le ciel.

Père saint, vous l’avez ainsi ordonné, ainsi voulu ; et ce que vous avez commandé s’est accompli.

4. Car c’est la grâce que vous faites à ceux que vous aimez, de souffrir en ce monde pour votre amour et d’être affligés autant de fois et par qui que ce soit que vous le permettiez.

Rien ne se fait sur la terre sans raison, sans dessein, et sans l’ordre de votre Providence.

Ce m’est un bien, Seigneur, que vous m’ayez humilié, afin que je m’instruise de votre justice[3], et que je bannisse de mon cœur tout orgueil et toute présomption.

Il m’est utile d’avoir été couvert de confusion[4], afin que je cherche à me consoler plutôt en vous que dans les hommes.

Par là, j’ai appris encore à redouter vos jugements impénétrables, selon lesquels vous affligez et le juste et l’impie, mais toujours avec équité et avec justice.

  1. Job xxix, 3.
  2. Ps. xvi, 10.
  3. Ps. cxviii, 71.
  4. Ps. lxviii, 11.