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joie pour les larmes, pour la dernière place un trône dans mon royaume éternel.

Là, éclateront les fruits de l’obéissance : la pénitence se réjouira de ses travaux, et l’humble dépendance sera glorieusement couronnée.

7. Maintenant donc, inclinez-vous humblement sous la main de tous, et ne regardez point qui a dit ou ordonné cela.

Mais si quelqu’un demande ou souhaite quelque chose de vous, qui que ce soit, ou votre supérieur, ou votre inférieur, ou votre égal, loin d’en être blessé, ayez soin de l’accomplir avec une affection sincère.

Que l’un recherche ceci, un autre cela ; que celui-là se glorifie d’une chose, celui-ci d’une autre, et qu’il en reçoive mille louanges ; pour vous, ne mettez votre joie que dans le mépris de vous-même, dans ma volonté et ma gloire.

Vous ne devez rien désirer, sinon que, soit par la vie, soit par la mort, Dieu soit toujours glorifié en vous[1].

RÉFLEXION.

On ne saurait trop le redire, le premier et le dernier précepte, celui qui les comprend tous, est l’entier renoncement de soi-même et la conformité parfaite de notre volonté à celle de Dieu. Ainsi, bien qu’il nous soit permis et même commandé d’aspirer à la béatitude céleste, et de gémir sur la longueur de notre exil[2], néanmoins nous devons le supporter avec une grande patience, et nous complaire dans les épreuves que la Providence nous envoie, parce qu’elles sont tout ensemble utiles à notre salut, et l’un des moyens que Dieu a choisis pour satisfaire sa justice, et pour manifester en nous sa miséricorde et sa gloire. Pécheurs, nous devons participer aux souffrances de celui qui nous a rachetés ; disciples de Jésus, nous devons marcher à la suite de notre maître et de notre modèle en portant la Croix, et, comme lui, épuiser le calice d’amertume. Nul n’est couronné, s’il n’a combattu[3]. Heureux donc l’homme qui endure la tentation, parce qu’après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie que Dieu a promise à ceux qui l’aiment[4]. Attendons le moment qu’il a marqué, et poursuivons en paix notre pèlerinage. Tout ce qui finit est court, et rien n’est pénible à celui qui

  1. Philipp. i, 20.
  2. Ps. cxix, 5.
  3. I Cor. ix, 25. 4.
  4. Jacob. i, 12.