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nous, voyageurs sur la terre, nous ne le voyons que de loin, comme à travers un voile.

2. Les citoyens du ciel en connaissent les délices : mais les fils d’Ève, encore exilés, gémissent sur l’amertume et l’ennui de la vie présente.

Les jours d’ici-bas sont courts et mauvais[1], pleins de douleur et d’angoisses.

L’homme y est souillé de beaucoup de péchés, engagé dans beaucoup de passions, agité par mille craintes, embarrassé de mille soins, emporté çà et là par la curiosité, séduit par une foule de chimères, environné d’erreurs, brisé de travaux, accablé de tentations, énervé de délices, tourmenté par la pauvreté.

3. Oh ! quand viendra la fin de ces maux ? quand serai-je délivré de la misérable servitude des vices ? quand me souviendrai-je, Seigneur, de vous seul ? quand goûterai-je en vous une pleine joie ?

Quand, dégagé de toute entrave, jouirai-je d’une vraie liberté, désormais exempt de toute peine et du corps et de l’esprit ?

Quand posséderai-je une paix solide, assurée, inaltérable, paix au dedans et au dehors, paix affermie de toutes parts ?

O bon Jésus ! quand me sera-t-il donné de vous voir, de contempler la gloire de votre règne ? quand me serez-vous tout en toute chose ?

Quand serai-je avec vous dans le royaume que vous avez préparé de toute éternité à vos élus ? [2]

J’ai été délaissé, pauvre, exilé, en une terre ennemie, où il y a guerre continuelle et de grandes infortunes.

4. Consolez mon exil, adoucissez l’angoisse de mon cœur ; car il soupire après vous de toute l’ardeur de ses désirs. Tout ce que le monde m’offre ici-bas pour me consoler, me pèse.

  1. Genes. xlvii, 9.
  2. Matth. xxv, 34.