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gémissements, d’écouter leurs plaintes, de recueillir leurs larmes. Rien n’est au-dessous de votre tendresse ; cet homme abject aux yeux des hommes, ce pauvre rebuté de toutes parts, vous l’assistez, mon Dieu, sur le lit de sa douleur, et votre main retourne son lit pour y reposer ses infirmités[1] : puis, quand sa tâche est accomplie, à la fin du jour, vous le recevez dans l’éternelle paix.


CHAPITRE XLVI.

QU’IL FAUT METTRE SA CONFIANCE EN DIEU, LORSQU’ON EST ASSAILLI DE PAROLES INJURIEUSES.

1. J.-C. Mon fils, demeurez ferme, et espérez en moi. Qu’est-ce, après tout, que des paroles ? un vain bruit. Elles frappent l’air, mais ne brisent point la pierre.

Si vous êtes coupable, songez que votre désir doit être de vous corriger. Si votre conscience ne vous reproche rien, pensez que vous devez souffrir avec joie cette légère peine pour Dieu.

C’est bien ce qu’il y a de moindre, que, de temps en temps, vous supportiez quelques paroles, vous qui ne pouvez encore soutenir de plus rudes épreuves.

Et pourquoi de si petites choses vont-elles jusqu’à votre cœur, si ce n’est que vous êtes encore charnel, et trop occupé des jugements des hommes ?

Vous craignez le mépris, et à cause de cela vous ne voulez pas être repris de vos fautes, et vous cherchez des excuses pour les couvrir.

2. Scrutez mieux votre cœur, et vous reconnaîtrez que le monde vit encore en vous, et le vain désir de plaire aux hommes.

Car votre répugnance à être abaissé, confondu par vos faiblesses, prouve que vous n’avez pas une humilité sincère, que vous n’êtes pas véritablement mort au monde, et que le monde n’est pas crucifié pour vous[2].

  1. Ps. xl, 4.
  2. Galat. vi, 14.