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Mais si vous cherchez votre appui dans la vérité immuable et toujours vivante, vous ne serez point accablé de tristesse quand un ami s’éloigne ou meurt.

Toute amitié doit être fondée sur moi ; et c’est pour moi que vous devez aimer tous ceux qui vous paraissent aimables et qui vous sont les plus chers en cette vie.

Sans moi l’amitié est stérile et dure peu ; et toute affection, dont je ne suis pas le lien, n’est ni véritable ni pure.

Vous devez être mort à ces affections humaines, jusqu’à souhaiter de n’avoir, s’il se pouvait, aucun commerce avec les hommes.

Plus l’homme s’éloigne des consolations de la terre, plus il s’approche de Dieu.

Et il s’élève d’autant plus vers Dieu qu’il descend plus profondément en lui-même, et qu’il est plus vil à ses propres yeux.

2. Celui qui s’attribue quelque bien, empêche que la grâce de Dieu descende en lui, parce que la grâce de l’Esprit-Saint cherche toujours les cœurs humbles.

Si vous saviez vous anéantir parfaitement, et bannir de votre cœur tout amour de la créature, alors venant à vous, je vous inonderai de ma grâce.

Quand vous regardez la créature, vous perdez de vue le Créateur.

Apprenez à vous vaincre en tout à cause de lui, et vous pourrez alors parvenir à le connaître.

Le plus petit objet désiré, aimé avec excès, souille l’âme et la sépare du souverain bien.

RÉFLEXION.

La religion sanctifie tout, et ne détruit rien, hors le péché ; elle n’interdit pas les affections naturelles : au contraire, il y en a qu’elle commande expressément, et le précepte de l’amour mutuel est un de ceux que l’Évangile inculque avec le plus de soin. Aimons-nous les uns les autres ![1], répète sans cesse l’apôtre saint Jean. Celui qui

  1. Joann. iv, 7.