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Méditez ce précepte ; et quand vous l’aurez accompli, vous saurez tout.

2. LE F. Seigneur, ce n’est pas l’œuvre d’un jour, ni un jeu d’enfants : cette courte maxime renferme toute la perfection religieuse.

3. J.-C. Mon fils, vous ne devez point vous rebuter ni perdre courage, lorsqu’on vous montre la voie des parfaits ; mais plutôt vous efforcer de parvenir à cet état sublime, ou au moins y aspirer de tous vos désirs.

Ah ! s’il en était ainsi de vous ! si vous en étiez venu jusqu’à ne plus vous aimer vous-même, soumis à moi sans réserve, et au supérieur que je vous ai donné ! Alors j’arrêterais sur vous mes regards avec complaisance, et tous vos jours pas seraient dans la paix et dans la joie.

Il vous reste encore bien des choses à quitter ; et à moins que vous n’y renonciez entièrement pour moi, vous n’obtiendrez point ce que vous demandez.

Écoutez mes conseils, et pour acquérir de vraies richesses, achetez de moi de l’or éprouvé par le feu[1], c’est-à-dire la sagesse céleste, qui foule aux pieds toutes les choses d’ici-bas.

Qu’elle vous soit plus chère que la sagesse du siècle et que tout ce qui plaît aux hommes, ou nous plaît en nous-mêmes.

4. Je vous le dis, échangez ce qu’il y a de grand et de précieux dans les choses humaines, contre une chose vile.

Car on regarde comme petite et vile, et l’on oublie presque entièrement cette sagesse du ciel, la seule vraie, qui ne s’élève point en elle-même, et qui ne cherche point à être admirée sur la terre. Plusieurs ont ses louanges à la bouche, mais ils s’éloignent d’elle par leur vie. C’est cependant cette perle précieuse[2] qui est cachée au plus grand nombre.

RÉFLEXION.

Qu’est-ce que l’homme livré à lui-même, à son esprit dépourvu de règle, à ses désirs, à ses penchants ? Esclave des erreurs diverses qui

  1. Apoc. iii, 18.
  2. Matth. xiii, 46.