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cuper d’aucun soin, non par indolence, mais par le privilège d’une âme libre, qu’aucune affection déréglée n’attache à la créature.

2. Je vous en conjure, ô Dieu de bonté ! délivrez-moi des soins de cette vie, de peur qu’ils ne retardent ma course ; des nécessités du corps, de peur que la volupté ne me séduise ; de tout ce qui arrête et trouble l’âme, de peur que l’affliction ne me brise et ne m’abatte.

Je ne parle point des choses que la vanité humaine recherche avec tant d’ardeur ; mais de ces misères qui, par une suite de la malédiction commune à tous les enfants d’Adam, tourmentent et appesantissent l’âme de votre serviteur, et l’empêchent de jouir, autant qu’il voudrait, de la liberté de l’esprit.

3. Ô mon Dieu, douceur ineffable ! changez pour moi en amertume toute consolation de la chair, qui me détourne de l’amour des biens éternels, et m’attire, et me fascine par le charme funeste du plaisir présent.

Que je ne sois pas, mon Dieu, vaincu par la chair et le sang, trompé par le monde et sa gloire qui passe, que je ne succombe point aux ruses du démon.

Donnez-moi la force pour résister, la patience pour souffrir, la constance pour persévérer.

Donnez-moi, au lieu de toutes les consolations du monde, la délicieuse onction de votre esprit ; et au lieu de l’amour terrestre, pénétrez-moi de l’amour de votre nom.

4. Le boire, le manger, le vêtement, et les autres choses nécessaires pour soutenir le corps, sont à charge à une âme fervente.

Faites que j’use de ces soulagements avec modération, et que je ne les recherche point avec trop de désir.

Les rejeter tous, cela n’est pas permis, parce qu’il faut soutenir la nature : mais votre loi sainte défend de rechercher tout ce qui est au delà du besoin et ne sert qu’à flatter les sens ; autrement la chair se révolterait contre l’esprit.