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pour votre nom[1], et qu’ils embrassaient avec amour tout ce que le monde abhorre.

Rien ne doit causer tant de joie à celui qui vous aime et qui connaît le prix de vos bienfaits, que l’accomplissement de votre volonté et de vos desseins éternels sur lui. Il doit y trouver un contentement, une consolation telle, qu’il consente aussi volontiers d’être le plus petit, que d’autres désirent avec ardeur être les plus grands ; qu’il soit aussi tranquille, aussi satisfait dans la dernière place que dans la première ; et que toujours prêt à souffrir le mépris, les rebuts, il s’estime aussi heureux d’être sans nom, sans réputation, que les autres de jouir des honneurs et des grandeurs du monde.

Car votre volonté et le zèle de votre gloire doivent être pour lui au-dessus de tout, et lui plaire et le consoler plus que tous les dons que vous lui avez faits, et que vous pouvez lui faire encore.

RÉFLEXION.

Profitons de la grâce qui nous est donnée, sans rechercher si les autres en ont reçu une mesure plus grande. Dieu se communique comme il lui plaît, il est le maître de ses dons ; et que sommes-nous pour lui en demander compte ? Bénissons-le de ceux qu’il nous accorde dans sa bonté toute gratuite, et bénissons-le encore de ceux qu’il nous refuse, nous reconnaissant indigne du moindre de ses bienfaits. Si vous êtes humble, vous n’aspirerez point à des faveurs extraordinaires ; et si vous manquez d’humilité, ces faveurs, loin de vous être utiles, ne serviraient peut-être qu’à vous perdre, en nourrissant en nous la vaine complaisance et l’orgueil. Une vive gratitude envers le Seigneur, une soumission parfaite à ses volontés, la fidélité dans la voie où il vous conduit, voilà ce que vous devez désirer. Avec cela vous reposerez en paix, parce que vous reposerez en Dieu, et qu’en lui vous trouverez le secours contre les tentations, la paix dans les souffrances, la consolation dans les misères et les peines de la vie, et enfin l’amour qui rend tout léger. Oh ! que nous penserions peu à souhaiter un état plus élevé, ou plus doux, si nous aimions véritablement ! Mais nous ne savons point aimer. Gémissons au moins de notre tiédeur et supplions le

  1. Act. v, 41.