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l’ivresse divine de sa joie, dans la jouissance, la possession à jamais immuable du céleste Époux : Mon bien aimé est à moi, et je suis à lui[1]. Oh ! quand luira cet heureux jour, jour de la délivrance et de l’allégresse sans fin ? Quand cessera le temps de l’exil, le temps de l’espérance et des larmes ? Quand verrons-nous décliner les ombres qui dérobent à nos regards le bien-aimé ? Comme le cerf altéré désire l’eau des fontaines, ainsi mon âme vous désire, ô mon Dieu ! Mon âme a eu soif du Dieu fort, du Dieu vivant : oh ! quand viendrai-je et paraîtrai-je en présence de mon Dieu ? [2]


CHAPITRE XXII.

DU SOUVENIR DES BIENFAITS DE DIEU.

1. Le F. Seigneur, ouvrez mon cœur à votre loi ; et enseignez-moi à marcher dans la voie de vos commandements[3].

Faites que je connaisse votre volonté, et que je rappelle dans mon souvenir, avec un grand respect et une sérieuse attention, tous vos bienfaits, afin de vous en rendre de dignes actions de grâces.

Je sais cependant, et je confesse que je ne puis reconnaître dignement la moindre de vos faveurs.

Je suis au-dessus de tous les biens que vous m’avez accordés ; et quand je considère votre élévation infinie, mon esprit s’abîme dans votre grandeur.

2. Tout ce que nous avons en nous, dans notre corps, dans notre âme, tout ce que nous possédons et au dedans et au dehors, dans l’ordre de la grâce ou de la nature, c’est vous qui nous l’avez donné ; et vos bienfaits nous rappellent sans cesse votre bonté, votre tendresse, l’immense libéralité dont vous usez envers nous, vous de qui nous viennent tous les biens.

Car tout vient de vous, quoique l’un reçoive plus, l’autre

  1. Cant. ii, 16.
  2. Ps. xli, 2. 3.
  3. II Mach. i, 4.