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Oh ! quand serai-je assez dégagé de la terre pour voir, Seigneur mon Dieu, et pour goûter combien vous êtes doux[1].

Quand serai-je tellement absorbé en vous, tellement pénétré de votre amour, que je ne me sente plus moi-même, et que je ne vive plus que de vous, dans cette union ineffable et au-dessus des sens, que tous ne connaissent pas !

Mais maintenant, je ne sais que gémir, et je porte avec douleur ma misère.

Car, en cette vallée de larmes, il se rencontre bien des maux qui me troublent, m’affligent, et couvrent mon âme comme d’un nuage. Souvent ils me fatiguent et me retardent : ils s’emparent de moi ; ils m’arrêtent, et, m’ôtant près de vous un libre accès, ils me privent de ces délicieux embrassements dont jouissent toujours et sans obstacle les célestes esprits.

Soyez touché de mes soupirs et de ma désolation sur la terre !

4. Ô Jésus ! splendeur de l’éternelle gloire[2], consolateur de l’âme exilée ! ma bouche est muette devant vous, et mon silence vous parle.

Jusqu’à quand mon Seigneur tardera-t-il de venir ?

Qu’il vienne à ce pauvre qui est à lui, et qu’il lui rende la joie. Qu’il étende la main pour relever un malheureux plongé dans l’angoisse.

Venez, venez : car sans vous, tous les jours, toutes les heures s’écoulent dans la tristesse, parce que vous êtes seul ma joie et que vous pouvez seul remplir le vide de mon cœur.

Je suis oppressé de misère, et comme un prisonnier chargé de fers, jusqu’à ce que, me ranimant par la lumière de votre présence, vous me rendiez la liberté, et jetiez sur moi un regard d’amour.

5. Que d’autres cherchent, au lieu de vous, tout ce qu’ils

  1. Ps. xxxiii, 9.
  2. Heb. i, 3.