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daignez jeter un regard sur votre serviteur affligé et dans le travail, et soyez près de lui pour l’aider en tout ce qu’il entreprendra.

Remplissez-moi d’une force toute céleste, de peur que le vieil homme, et cette chair de péché qui n’est pas encore entièrement soumise à l’esprit, ne prévale et ne domine, elle contre qui nous devons combattre jusqu’au dernier soupir, dans cette vie chargée de tant de misères.

Hélas ! qu’est-ce que cette vie, assiégée de toutes parts de tribulations et de peines, environnée de pièges et d’ennemis ?

Est-on délivré d’une affliction ou d’une tentation, une autre lui succède ; et l’on combat même encore la première que d’autres surviennent inopinément.

4. Comment peut-on aimer une vie remplie de tant d’amertumes, sujette à tant de maux et de calamités ?

Comment peut-on même appeler vie ce qui engendre tant de douleurs et tant de morts ?

Et cependant on l’aime, et plusieurs y cherchent leur félicité.

On reproche souvent au monde d’être trompeur et vain ; et toutefois on le quitte difficilement, parce qu’on est encore dominé par les convoitises de la chair.

Certaines choses nous inclinent à aimer le monde, d’autres à le mépriser.

Le désir de la chair, le désir des yeux, et l’orgueil de la vie[1], inspirent l’amour du monde ; mais les peines et les misères qui les suivent justement produisent la haine et le dégoût du monde.

5. Mais, hélas ! le plaisir mauvais triomphe de l’âme livrée au monde : elle se repose avec délices dans l’esclavage des sens, parce qu’elle ne connaît pas et n’a point goûté les suavités célestes, ni le charme intérieur de la vertu.

  1. I Joan. ii, 16.