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Préservez-moi à jamais de tout péché, et je ne craindrai ni la mort ni l’enfer.

Pourvu que vous ne me rejetiez pas, et que vous ne m’effaciez pas du livre de vie, aucune tribulation ne peut me nuire.

RÉFLEXION.

On ne saurait trop le répéter, la vie chrétienne consiste uniquement à vouloir ce que Dieu veut, et à ne vouloir que ce qu’il veut. Presque toujours nos désirs nous trompent, par une suite de notre ignorance et de notre corruption. Mais Dieu sait tout ce qui nous est caché ; il connaît les secrètes dispositions de notre cour, la me sure de sa faiblesse, les épreuves auxquelles il est bon que nous soyons soumis, les secours nécessaires pour les supporter, car il ne permettra pas que nous soyons tentés au delà de nos forces[1] : sa sagesse est infinie, et il nous a aimés jusqu’à donner pour nous son Fils unique[2]. Quelle confiance, quelle paix ne devons-nous pas trouver dans cette pensée ! Quoi de plus doux que de s’abandonner sans réserve à celui qui a tout fait pour sa pauvre créature, que de se perdre en lui par l’union intime de notre volonté à la sienne, ne nous réservant rien que l’action de grâces et l’amour ; de sorte que notre âme, notre être entier s’exhale, en quelque sorte, dans cette parole qui comprend tout : Mon Seigneur et mon Dieu[3] !


CHAPITRE XVIII.

QU’IL FAUT SOUFFRIR AVEC CONSTANCE LES MISÈRES DE CETTE VIE, A L’EXEMPLE DE JÉSUS-CHRIST.

1. J.-C. Mon fils, je suis descendu du ciel pour votre salut ; je me suis chargé de vos misères, afin de vous former, par mon exemple, à la patience, et de vous apprendre à supporter les maux de cette vie sans murmurer.

Car, depuis l’heure de ma naissance jusqu’à ma mort sur la croix, je n’ai jamais été sans douleur.

J’ai vécu dans une extrême indigence des choses de ce

  1. I Cor. x, 13.
  2. Joan. iii, 16.
  3. Joann. xx, 28.