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La vraie, la douce consolation est celle que la vérité fait sentir intérieurement.

L’homme pieux porte avec lui partout Jésus, son consolateur, et lui dit : Seigneur Jésus, soyez près de moi en tout temps et en tout lieu.

Que ma consolation soit d’être volontiers privé de toute consolation humaine.

Et si la vôtre me manque aussi, que votre volonté et cette juste épreuve me soient une consolation au-dessus de toutes les autres.

Car vous ne serez pas toujours irrité, et vos menaces ne seront point éternelles[1].

RÉFLEXION.

Toute créature gémit, dit l’Apôtre[2] ; et de siècle en siècle, le monde entier le redit après lui. Que cherchez-vous donc dans les créatures ? que leur demandez-vous, et que peuvent-elles vous donner ? Toujours agitées, pleines de troubles, ainsi que vous, elles souhaitent le repos, et ne le trouvent point. Comment la paix vous viendrait-elle du sein même de l’angoisse et des orages perpétuellement soulevés par les passions ? Cessez de vous abuser, cessez de dire aux tempêtes : Calmez-moi. Le calme est en Dieu, et n’est que là : en lui seul est le repos, la paix, la joie, la consolation. Tournez vous donc vers le Seigneur votre Dieu[3], et renoncez à tout le reste : alors, seulement alors, vous commencerez à jouir de la vraie félicité. « Rien, non, rien n’est comparable au bonheur de « celui qui, méprisant les sens, détaché de la chair et du monde, “ ne tient plus aux choses humaines que par les seuls liens de la nécessité, converse uniquement avec Dieu et avec lui-même, et, « s’élevant au-dessus des objets sensibles, ne vit que des divines « clartés qu’il conserve en soi toujours pures, toujours brillantes, « sans aucun mélange des ombres de la terre et des vains fantômes « errants ici-bas autour de nous ; qui, réfléchissant comme un miroir céleste Dieu et ses éblouissantes perfections, sans cesse ajoute à la lumière une lumière plus vive, jusqu’au moment où la vérité dissipant tous les nuages, il arrive à la source même de « toute lumière, à l’éternelle fontaine de splendeur, fin bienheureuse « de son être et son immortel ravissement[4]. »

  1. Ps. cii, 9.
  2. Rom. viii, 22.
  3. Osee xiv, 2.
  4. S. Greg. Nazianz. Orat. xxix, in princ.