Page:Kempis - L Imitation de Jesus Christ, traduction Lammenais, edition Pages, 1890.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tent mieux que d’autres le charme de l’Imitation de Jésus Christ ; c’est leur livre de tous les jours, celui qui les console dans leurs peines, qui les affermit et les encourage dans cette dure épreuve de la vie, c’est leur compagnon inséparable, leur ami ; c’est la source où elles puisent le baume divin de la piété. Cependant l’Imitation de Jésus-Christ parle à toutes les âmes. Je l’ai lue dans des dispositions d’esprit bien diverses, et toujours avec délice. Le scepticisme ne résiste pas à l’influence de cette douce lumière qui brille dans les ténèbres de l’âme comme la clarté d’une lampe d’or dans l’obscurité du sanctuaire ! On croit du moins, on est touché, on espère pour un moment.

Qu’y a-t-il de comparable avec ces dialogues du troisième livre entre l’âme chrétienne et Jésus-Christ ? C’est le comble du mysticisme ; et cependant tout y est si simple et si vrai, qu’il n’y a pas d’esprit qui ne se prête à la fiction. Aussi cet ouvrage qui semblerait d’abord n’avoir été composé que pour des moines et des anachorètes, a-t-il toujours fait la lecture des gens, même du siècle, pour peu qu’ils eussent de goût et de cœur.

A mesure qu’on en parcourt quelques pages, la persuasion se glisse, pour ainsi dire, dans l’âme, avec un sentiment de paix et de bonheur inexprimable. Par un privilège unique l’Imitation de Jésus-Christ est un livre de dévotion à l’usage de tout le monde.

(L’Imitation de Jésus-Christ fidèlement traduite du latin par Michel de Marillac garde des sceaux de France, édition nouvelle soigneusement réunie et corrigée par S. U. S. de Sacy.)

A. Nisard (1809-1892).

M. Auguste Nisard avait reçu d’un de ses amis une belle édition de l’Imitation de Jésus-Christ. Il raconte l’influence qu’eut ce livre sur son âme :

« Durant l’exercice de ma charge, il ne se passa pas un jour où je n’eusse à faire usage de la médecine divine… Telle chose m’advint dans l’exercice de mes fonctions qui mit mon amour propre en feu et qui manqua de me jeter hors de toute mesure. Je pris le temps de lire quelques lignes de l’Imitation de Jésus-Christ, les premières qui me tombèrent sous les yeux. Elles me rendirent tout honteux de moi-même, et cette levûre d’orgueil tomba dans mon cœur plus vite qu’elle ne s’y était formée. Telle injonction qui ressemblait à un firman émané de quelque cour d’Orient, me vint des puissances de qui je dépendais. On