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d’autre mal que le péché ; car la peine du péché n’est pas un mal, puisque, supportée patiemment, elle l’expie, et que toujours elle rétablit l’ordre que le péché avait troublé. Ainsi nous tenons de Dieu la vie, l’intelligence, l’amour, qui doit remonter perpétuellement vers sa source, et de nous-mêmes nous ne pouvons rien, pas même dire : Mon Père ! [1] car nous ne savons pas prier, et c’est l’esprit qui demande en nous avec des gémissements ineffables[2]. L’unique chose qui nous appartienne, c’est le péché ; il est le fruit de notre volonté libre, et son salaire est la mort[3]. Élevons-nous tant que nous voudrons dans notre pensée, voilà ce que nous sommes ; nous n’avons rien de plus que ce que Dieu nous donne dans sa bonté et sa miséricorde toute gratuite. Donc à nous le mépris, la confusion, la honte, en nous trouvant si misérables ; et à Dieu la bénédiction, l’honneur, la gloire, la puissance[4], comme les saints le chantent dans le ciel, au pied du trône de l’Agneau.

CHAPITRE X.

QU’IL EST DOUX DE SERVIR DIEU ET DE MÉPRISER LE MONDE.

1. Le F. Je vous parlerai encore, Seigneur, et je ne me tairai point. Je dirai à mon Dieu, mon Seigneur et mon roi, assis dans les hauteurs des cieux :

Oh ! quelle abondance de douceurs vous avez réservée pour ceux qui vous craignent ![5] Et qu’est-ce donc pour ceux qui vous aiment, pour ceux qui vous servent de tout leur cœur ?

Elles sont vraiment ineffables, les délices dont vous inondez ceux qui vous aiment, quand leur âme vous contemple.

Vous m’avez montré principalement en ceci toute la tendresse de votre amour : je n’étais pas, et vous m’avez créé ; j’errais loin de vous, vous m’avez ramené pour vous servir, et vous m’avez commandé de vous aimer.

  1. Rom. viii, 15.
  2. Rom. viii, 26.
  3. Rom. vi, 23.
  4. Apoc. v, 13.
  5. Ps. xxx, 20.