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la loi de l’amour, que nous découvrons dans votre lumière.

7. L’amour est prompt, sincère, pieux, doux, prudent, fort, patient, fidèle, constant, magnanime, et il ne se recherche jamais : car dès qu’on commence à se rechercher soi-même, à l’instant on cesse d’aimer.

L’amour est circonspect, humble et droit, sans mollesse, sans légèreté ; il ne s’occupe point de choses vaines ; il est sobre, chaste, ferme, tranquille, et toujours attentif à veiller sur les sens.

L’amour est obéissant et soumis aux supérieurs ; il est vil et méprisable à ses yeux. Dévoué à Dieu sans réserve, et toujours plein de reconnaissance, il ne cesse point de se confier en lui, d’espérer en lui, lors même qu’il semble en être délaissé, parce qu’on ne vit point sans douleur dans l’amour.

8. Qui n’est pas prêt à tout souffrir et à s’abandonner entièrement à la volonté de son bien-aimé, ne sait pas ce que c’est que d’aimer.

Il faut que celui qui aime embrasse avec joie tout ce qu’il y a de plus dur et de plus amer pour son bien-aimé, et qu’aucune traverse ne le détache de lui.

RÉFLEXION.

Dieu est amour, et celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu en lui[1]. Mais l’amour a ses temps d’épreuve, comme ses temps de jouissance, et cette vie tout entière ne doit être qu’un continuel exercice d’amour, ou la consommation d’un grand sacrifice, dont une vie éternelle ou un amour immuable sera le prix. Tous les caractères de la charité, détaillés par saint Paul[2], nous rappellent l’idée de sacrifice ; et l’amour infini lui-même n’a pu se manifester pleinement à nous que par un sacrifice infini. Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique[3] ; et notre amour pour Dieu ne peut non plus se manifester que par un sacrifice, non pas égal, il est impossible, mais semblable, par le don de tout notre être ou une parfaite obéissance de notre esprit, de notre cœur et de nos sens à la volonté de celui qui nous a tant aimés. C’est alors

  1. I Joan. iv, 16.
  2. I. Cor. xiii,
  3. Joan. iii, 16.