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Ne pensez pas avoir fait de progrès, si vous ne vous croyez au dessous de tous les autres.

RÉFLEXION.

Que vous importent les discours et les pensées des hommes ! Ce ne seront point eux qui vous jugeront. S’ils vous accusent à tort, celui qui voit le fond des consciences vous a déjà justifié. S’ils vous reprochent des fautes réelles, n’êtes-vous pas heureux d’être averti, heureux de souffrir une humiliation salutaire ? Ce qui vous trouble, c’est l’orgueil, qui ne saurait supporter d’être repris. L’humble ne s’irrite point, ne s’émeut point, lors même que la passion le comdamne injustement. Plein du sentiment de sa misère, on ne saurait jamais tant l’abaisser, qu’il ne s’abaisse dans son cœur encore davantage. Voulez-vous que rien n’altère le calme de votre âme ? abandonnez-vous à Dieu en toutes choses ; et dans les peines, les contrariétés, les traverses, dites avec Jésus-Christ : Oui, mon Père, parce qu’il vous a plu ainsi[1] !


CHAPITRE III.

DE L’HOMME PACIFIQUE.

1. Conservez-vous premièrement dans la paix ; et alors vous pourrez la donner aux autres.

Le pacifique est plus utile que le savant.

Un homme passionné change le bien en mal, et croit le mal aisément. L’homme paisible et bon ramène tout au bien.

Celui qui est affermi dans la paix ne pense mal de personne ; mais l’homme inquiet et mécontent est agité de divers soupçons : il n’a jamais de repos, et n’en laisse point aux autres.

Il dit souvent ce qu’il ne faudrait pas dire, et ne fait pas ce qu’il faudrait faire.

Attentif au devoir des autres, il néglige ses propres devoirs.

  1. Luc. x, 21.