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conduite est douce, qu’elle est pleine de tendresse à l’égard de vos Elûs qui vivent de vôtre Chair dans le Sacrement !

C’est là sans doute une faveur inestimable, & qu’on ne sçauroit comprendre. Vous vous en servez comme d’un puissant moyen pour gagner le cœur des personnes de pieté.

Car les Justes, qui travaillent continuellement à se corriger & à se perfectionner, ne s’approchent guéres de ce divin Sacrement, qu’ils ne se sentent penetrez de dévotion, & épris de l’amour de la vertu.

O grace merveilleuse, grace connuë des Justes & des Fideles, mais cachée aux Infideles & aux pecheurs !

O ineffable Mystére, dans lequel Dieu comble l’ame, de dons celestes, & lui rend avec la premiere vigueur, toute la beauté que les pechez avoient ternie !

La dévotion qu’on y ressent est souvent si grande, que passant de l’ame au corps, elle le soûtient & le fortifie.

Mais ce qu’il y a de pitoyable, & ce qu’on ne peut assez déplorer, c’est le peu de dévotion, c’est la tiédeur & la negligence que l’on apporte à recevoir Jesus-Christ, l’unique esperance des Elûs, auquel tous les Saints sont redevables de leurs vertus & de leurs mérites.