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l’adversité, que plein d’allegresse & de dévotion dans la prosperité.

Quelle raison avez-vous de vous attrister pour une faute legere dont on vous accuse ?

Quand ce seroit quelque grand crime, vous ne devriez pas en avoir le moindre chagrin.

Laissez maintenant parler le monde. Si l’on dit quelque chose contre vous, ne le trouvez pas étrange ; ce n’est pas la premiere fois qu’on l’a fait ; & si vous vivez long-tems, on vous en dira bien d’autres.

Vous montrez assez de courage quand il n’y a rien qui vous fasse peine. Vous donnez même de fort bons avis aux autres, & vous sçavez les encourager dans leurs afflictions : mais s’il vous survient quelque accident imprévu, vous manquez incontinent de conseil & de force.

Voyez combien grande est vôtre foiblesse. Vous ne l’éprouvez que trop jusques dans les moindres occasions ; mais sçachez que toutes ces peines & d’autres semblables qui vous arrivent, vous sont envoyées d’en haut pour votre salut.

Ne vous en affligez point ; & si vous ne pouvez vous empêcher de les sentir, gardez-vous au moins de vous y laisser abbattre ; & de vous en inquietter long-tems.