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nant de la nature, qui en sortant de vos mains, étoit sans aucun défaut, on entend une nature vicieuse & gâtée, qui par le peché originel, est tombé dans une telle foiblesse, que tout son penchant est pour les choses de la terre.

Le peu qui lui reste de force se peut comparer à une étincelle cachée sous la cendre.

Et cette étincelle n’est autre chose que la raison naturelle, qui, quoique soit obscurcie, a encore assez de lumiere pour discerner le bien du mal, & le vrai du faux ; mais qui laisse toûjours l’homme dans l’impuissance de faire ce qu’il approuve, & de recouvrer ce qu’il a perdu ; je veux dire, la pleine connoissance de la verité, & la parfaire innocence.

De-là vient, mon Dieu, que selon l’homme interieur, je me plais à accomplir vôtre loi, sçachant qu’elle est bonne, juste & sainte, & qu’elle condamne tout ce qui mérite d’être, condamné.

Mais, selon l’homme exterieur, la loi du peché me tient dans une si grande servitude, que la chair goûverne l’esprit, & que l’appetit l’emporte sur la raison.

Ainsi, quelque envie que j’aye de bien faire, je n’en trouve pas le moyen.

Je fais souvent d’assez bonnes re-