Page:Kempis - De l’Imitation de Jésus-Christ, traduction Brignon, Bruyset, 1718.djvu/182

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les a vû manger avec les pourceaux.

Il n’y a donc point de sainteté, qui subsiste sans vôtre secours.

Il n’y a point de sagesse, qui n’ait besoin de votre conduite.

Il n’y a point de force qui ne succombe, si vous ne la soûtenez.

Il n’y a point de chasteté à l’épreuve des tentations, si vous ne la défendez.

Enfin tous nos soins & toutes nos précautions sont inutiles, à moins que vous ne veillez pour nous.

Car sitôt que vous nous abandonnez, nous sommes perdus : mais dès que vous nous visitez, vous nous relevez, & nous redonnez la vie.

De nous-mêmes nous sommes legers & inconstans, & vous nous affermissez : nous sommes tiédes & vous nous échauffez.

O mon Dieu, que j’ai grand sujet de me mépriser & de compter pour très-peu de chose tout le bien qu’on croit que je fais !

O que je dois m’humilier, lorsque j’entre dans cet abîme de vos jugemens profonds, où je vois que je ne suis qu’un néant, & un pur néant !

O grandeur immense ! ô mer sans bornes, où tout ce qui est en moi, se trouve englouti !

Où pourra donc trouver place la vaine gloire, & la confiance que j’ai en mes forces ?