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se retire, selon qu’il lui plaît ; ce qui a fait dire à Job : Vous le visitez le matin, & incontinent après vous l’éprouvez[1].

Sur quoi donc puis je m’appuyer que sur la bonté de Dieu, & sur la vertu de la grace ?

Car soit que je vive avec des personnes de pieté, avec des amis fidéles, avec de saints Religieux : soit que j’aye entre les mains beaucoup de bons Livres ; soit que je m’exerce à la psalmodie, tout cela ne me sert de guéres, & je n’y trouve presque plus de goût, lorsque Dieu m’ôte la grace, & m’abandonne à moi-même.

Le meilleur remede à ce mal est la patience, & la resignation à la volonté divine.

Je n’ai jamais vu de Religieux si parfait, qui ne tombât quelquefois dans l’aridité, & donc la ferveur ne fut sujette à se rallentir.

Il n’y a point eu de Saint, qui nonobstant les ravissemens & ses extases, n’ait enfin passé par la tentation.

Car celui qui ne sçait ce que c’est que de croix, ne mérite pas d’être élevé à la contemplation des choses divines.

L’experience nous montre que la tentation dispose l’ame à la consolation, & qu’elle en est comme un présage certain.

  1. Job. 7. 18.