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Car lors qu’un homme est fortifié de la grace, il est tout-puissant, rien ne lui fait peine ; & dès qu’elle l’abandonne, il devient pauvre, foible, incapable de tout autre chose que de souffrir.

Il ne doit pas pour cela se laisser aller à la tristesse & au découragement : mais il doit se résigner à la volonté divine, & recevoir doucement pour la gloire de nôtre Seigneur toutes les peines qui lui arrivent. Car enfin l’été succede à l’hyver, le jour à la nuit, & le calme à la tempête.


CHAPITRE IX.
De la privation des consolations sensibles.

LOrs qu’on est rempli des consolations divines, on méprise facilement toutes celles qui peuvent venir de la part des hommes.

Mais il faut une vertu heroïque pour le pouvoir soûtenir sans aucune consolation, ni divine, ni humaine, pour benir Dieu dans le tems même qu’on en est comme abandonné, pour ne rechercher en rien sa propre satisfaction, & pour ne se point appuyer sur ses mérites.

Ce n’est pas merveille que vous soyez gay & fervent, lorsque vous sentez la grace qui vous anime. Il n’y a personne qui ne vous envie ces momens si doux.