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Bouillonner la sève féconde,
Je ne puis croire, hélas ! que l’onde
Ait emporté mes plus beaux jours !…
Il est trop vrai !… De la jeunesse
A l’horizon l’astre s’abaisse
Sous les flots de l’éternité ;
Mon printemps meurt, et de ma vie
La rose s’ouvre, épanouie,
Aux rayons du brûlant été.


III


Je savais, j’avais lu sans doute,
Qu’ici-bas nos printemps sont courts ;
Que le temps met vite en déroute
La jeunesse avec les amours ;
Et, plongé dans mon apathie,
J’ai souvent répété les vers
Qu’à nos maîtres dans l’harmonie
Sur ce thème, en rythmes divers,
Inspira la mélancolie.
Mais ces notes, qu’en soupirant
Tant de lyres ont fait entendre,
Je les chantais, comme l’enfant
Chante un vieux air, sans le comprendre ;
Comme la cloche à tous moments,
Au sommet des saintes demeures,
Fait dans l’air résonner les heures,
Sans connaître le prix du temps ;
Et ces vers, dont ma lèvre oiseuse,