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écrite au crayon sur le rebord de sa fenêtre, se retrouve dans un petit calepin, relié en maroquin noir avec fermetures d’acier, sur lequel la jeune fille, puis la jeune femme, écrivait ses impressions, des idées détachées, des poésies françaises et italiennes, des mots qui l’avaient frappée, les adresses de ses amies de couvent, des titres de romances et d’airs d’opéras, etc.

La première feuille porte : Ce calepin appartient à son maître, autrement dit il marchese Lucie, et la page dont il est question est ainsi conçue :

Written at Nohant upon my window at (the) setting (of the) sun. 1820. Go, fading sun ! Hide thy pale beams behind the distant trees. Nitghly Vesperus is comming to announce the close of the day. Evening descends to bring melancholy on the landscape. With thy return, beautiful light, nature will find again mirth and beauty, but joy will never comfort my soul. Thy absence, radiant orb, may not increase the sorrows of my heart : they cannot be softened by thy return !

Notre excellent et regretté ami M. Plauchut a cité ce morceau écrit sur la fenêtre dans son intéressant petit volume Autour de Nohant[1], et ayant cru déchiffrer sur la paroi gauche « 1829 », il le rapporta à la vingt-cinquième année d’Aurore Dudevant, mais le petit calepin prouve bien que c’est déjà en 1820 que l’élégie fut écrite et copiée. Or, ce n’est pas « 1829 » mais « 1839 » qu’il faut lire sur la paroi gauche, et cette date ne se rapporte pas à l’élégie anglaise, mais bien aux premiers jours de l’installation de George Sand et de Chopin à Nohant, au retour de Majorque. Nous ne pouvons pas dire ce que cette date de « 19 juin 1839 » signifie, nous nous permettons donc, pour la seule et unique fois au cours de notre travail, de nous hasarder sur le terrain des suppositions et d’imaginer que ce jour-là George Sand signa mentalement le commencement d’une douce et paisible intimité familiale, sinon légale, sous le même toit que l’être aimé.

  1. Autour de Nohant. Paris, Calmann-Lévy, 1898, p. 14.