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« Je ne puis me le rappeler positivement, continue le docteur Pagello, mais il me semble qu’avant moi on avait déjà fait venir un autre chirurgien[1] pour George Sand, afin de la saigner, parce qu’elle avait une veine fort difficile (vena difficilissima), et ce fut moi qu’on appela ensuite. Lorsque je saignai George Sand, elle demeurait avec Musset à l’étage supérieur, de l’Hôtel Danieli, où elle occupait une chambre et un petit salon. Quand je fus appelé pour Alfred de Musset, je les trouvai à l’étage au-dessous, avec des fenêtres sur la Riva dei Schiavoni, dans une grande chambre où il y avait un canapé, une cheminée protégée par un paravent, une grande table au milieu, et, à côté, une chambre mi-obscure avec deux lits… »

« Je fis la connaissance de la Sand en février 1834 et voici comment : un domestique de l’hôtel Danieli était accouru m’appeler pour une dame française malade, » — dit le docteur Pagello dans une lettre publiée par le Corriere della sera[2].

« Je m’empressai de me rendre à l’invitation, et je trouvai cette dame avec un foulard rouge sur la tête ; elle était couchée sur un divan, et, à côté du divan, se tenait un jeune homme blond, svelte, grand de taille, qui me dit : « Cette dame souffre d’un violent mal de tête dont une saignée seule peut la guérir. » Après avoir tâté le pouls, qui était agité et intense, j’opérai ma saignée et m’en

    écrite le lendemain de celle de Pagello, le 17 nov. 1887. La lettre contient de très intéressants et sympathiques détails sur le Dr Pagello, homme fort honnête, fort sérieux et très sévère envers lui-même. Il y est dit entre autres que deux mois auparavant, ce travailleur infatigable de quatre-vingts ans, toujours dévoué à la science, s’était blessé au doigt lors d’une opération qu’il faisait à un malade et que le doigt est resté paralysé.

  1. Ce n’était pas le Dr Rebizzo, comme on l’a plusieurs fois affirmé, mais le Dr Santini.
  2. « La Provincia di Belluno. » Martedi, il marzo 1881, n° 20.