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intimité malheureuse[1] ». Se basant sur cette lettre, Mme Arvède Barine introduit, notamment en cet endroit de sa biographie de Musset, des fragments de la Confession racontant comment le héros, dès le début de son amour, se comportait déjà étrangement et inégalement avec Brigitte (c’est-à-dire avec George Sand). Il ne pouvait se défaire des habitudes de son ancienne vie de débauche, il tourmentait par sa jalousie rétrospective la pauvre femme aimée. Tantôt il l’adorait à genoux comme une sainte, tantôt il l’outrageait, comme une ignoble courtisane et la traitait grossièrement. Quand parut la Confession d’un enfant du siècle, où l’auteur a pu, grâce au but artistique qu’il poursuivait, disposer et grouper les faits, non dans leur ordre historique, mais conformément à son plan artistique (chose à laquelle il avait parfaitement droit), George Sand fut satisfaite de la manière dont il avait traité tout ce qui s’était passé, elle en reconnut l’exactitude. C’est ce qu’elle écrivit en 1836 à Mme d’Agoult. Musset avait donc dit la vérité sur lui et sur elle. Mais il importe de savoir à quel temps s’applique cette vérité, à l’automne de 1833 ou bien à une époque postérieure ? À propos de l’automne de 1833, il serait plus juste de citer d’autres paroles authentiques de George Sand tirées d’une lettre qu’elle écrivit à Sainte-Beuve le 21 septembre 1833, paroles du reste rapportées aussi par Mme Arvède Barine elle-même :

«… Moi, j’ai été malade, mais je suis bien. Et puis, je suis heureuse, très heureuse, mon ami. Chaque jour je m’attache davantage à lui ; chaque jour je vois s’effacer

  1. Cette lettre, datée du 25 mai 1836, est imprimée dans la Correspondance de George Sand, mais sans ces lignes sincères et importantes au point de vue biographique. Nous en donnons un fragment plus loin.