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reux, George Sand ne l’était pas (?!). Elle traitait le poète comme un gamin désobéissant. Elle lui expliquait avec la sagesse d’une gouvernante (?!) — qui exaspérait le jeune homme adoré de tous, l’élégant dandy, habitué aux conquêtes, — que l’amour entraîne avec lui toutes sortes de chagrins et qu’il vaudrait beaucoup mieux que les relations de sa part, à elle, restassent celles d’une mère ou d’une sœur. Ainsi, nous travaillerions mieux, disait-elle. Elle variait de toutes les manières les paroles du chevalier Toggenbourg : « N’exige pas d’autre amour, car cela me chagrine. » Mais le Toggenbourg des temps modernes ne consentit pas à « s’éloigner d’elle avec un chagrin muet » ; elle-même tâcha de le garder auprès d’elle. Musset, profondément attristé de voir son amour refusé, se lança de nouveau dans le tourbillon des plaisirs ; — alors elle eu des remords. Pour sauver le malade, elle résolut de lui offrir, comme médecine, l’amour qu’elle lui avait refusé jusque-là. Sans passion comme sans entraînement, sans oubli d’elle-même, elle crut qu’il lui fallait, au jour qui lui convînt le mieux, changer en amour sa disposition amicale, ou, du moins, en donner la preuve suprême… Avec quel froid jugement George Sand fit à son bien-aîmé l’aveu définitif, nous le savons par ce qu’elle en dit elle-même. Elle se fit à sa nouvelle position, qui ne l’avait aucunement prise au dépourvu, avec un discernement vraiment étonnant… »

Lindau expose ensuite, mais toujours à sa manière, le commencement du cinquième chapitre d’Elle et Lui, en répétant la phrase célèbre : « que des nuits de réflexions douloureuses avaient précédé »… ce nouvel ordre de choses. Nous laissons au lecteur le soin de juger lui-même, jusqu’à quel point on peut dire, en ce cas, de George