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lettres par « Madame » et George Sand lui répond sur le même ton.

Le 24 juin. Musset lui envoie sa pièce de vers : Après la lecture d’Indiana, qui ne fait pas partie du recueil des Œuvres de Musset, mais qui fut mise au jour en 1878, dans la Revue des Deux-Mondes, par Paul de Musset.

Le 10 août parut Lélia. Le nouvel ami de George Sand exprima le désir de recevoir de l’écrivain lui-même un exemplaire du roman. George Sand lui envoya les deux volumes avec deux dédicaces toutes différentes, mais toutes deux dans le même ton badin. Sur le premier volume elle écrivit : « À monsieur mon gamin d’Alfred ! George. » Sur le second : « À monsieur le vicomte Alfred de Musset, hommage respectueux de son dévoué serviteur George Sand[1]. » Musset s’empressa de la remercier par une lettre dans laquelle, pour la première fois, selon le plus véridique des biographes de Musset, Arvède Barine, le « ton cérémonieux fait place à un ton plus amical », et où, en général, on remarque déjà les premiers indices d’un certain rapprochement. « Le mot Madame disparaît dès lors de leur correspondance. Musset s’enhardit, il fait sa déclaration d’amour, d’abord avec gentillesse, la seconde fois déjà avec passion, et leur destin à tous deux s’accomplit[2]… » L’amitié était devenue amour, et « amour triomphant ». Le 25 août, George Sand déclare sans détours à Sainte-Beuve qu’elle est la maîtresse de Musset, et elle ajoute qu’il

  1. Nous empruntons ces détails à l’article plein d’intéressants documents, publié par Maurice Clouard : « Alfred de Musset et George Sand Notes et documents inédits. » (Revue de Paris, 15 août 1896.)
  2. Arvède Barine. Alfred de Musset, p. 58. Ces deux lettres sont maintenant imprimées dans le volume de M. Mariéton.