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de l’autre, du martyr inconnu, adonné à une profession qu’il déteste, mais qu’il n’abandonne pas, tant qu’il y a une responsabilité qui pèse sur lui[1]. »

Pourtant, malgré ce caractère complexe et double de ses relations avec Mallefille[2], tantôt tout amicales, tantôt côtoyant le dédain, elle lui prêta secours et aide à ses débuts littéraires. Mallefille se trouvait alors dans une position pécuniaire fort embarrassée et ne parvenait pas à faire publier une œuvre qu’il avait écrite. Alors George Sand, pour l’aider et pour lui donner le moyen de gagner le plus possible, signa de son nom, à elle, son œuvre, à lui : Le dernier Sauvage[3], qui fut imprimé comme étant de George Sand, tout comme, quelques années plus tard, elle signa de son nom le récit de Balzac : Voyage d’un moineau de Paris. Balzac avait, à cette époque, besoin d’argent et Stahl (Hetzel) refusa d’insérer dans son livre : Scènes de la vie privée des animaux (2 volumes 1842) cette fantaisie de Balzac, qui avait déjà donné dans ce recueil plusieurs autres articles. Alors George Sand signa de son nom le Voyage d’un moineau de Paris, et de cette manière, Balzac toucha la somme dont il avait besoin à ce moment[4].

  1. Possédant une copie de la lettre entière, nous ne nous permettons d’en citer que les extraits qui furent publiés dans la Revue des Autographes, d’Eugène Charavay.
  2. On peut trouver des détails fort intéressants sur Mallefille et son amour pour George Sand, dans l’article de Perret : Souvenirs Littéraires (le Gaulois, 29 septembre 1885), ainsi que dans deux articles anonymes publiés dans le même journal, le 25 septembre 1885, dans le Temps le 30 octobre 1884, et enfin dans un article de la Liberté du 30 novembre 1894, intitulé « George Sand, Musset, Mallefille », et signé P. P.
  3. La lettre de Mallefille au directeur de l’Artiste, Delaunay, à propos de cette œuvre, lettre datée du 27 juillet 1838, existe encore.
  4. Voir l’Étude bibliographique sur les œuvres de George Sand, par le Bibliophile Isaac (vicomte de Spoelberch de Lovenjoul). Bruxelles, 1868, in-8°, 36 p. Nous en avons déjà dit quelques mots plus haut. C’est une œuvre unique et inestimable.