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consacrait ses nuits, et qui, à ce moment, était d’autant plus urgent qu’il devait servir à régler la somme de 50.000 francs qu’elle devait payer immédiatement à Dudevant en échange des revenus de l’hôtel de Narbonne auxquels il avait renoncé. Mais George Sand avait d’ailleurs subi d’autres pertes encore, par suite du procès qu’elle avait eu dans le courant de cette même année 1838 contre son éditeur, procès qu’elle gagna, il est vrai, mais dont la conséquence immédiate fut la rupture du contrat, ce qui fit que pendant qu’elle était à la recherche d’un autre éditeur, l’argent s’était fait assez rare chez elle, ce qui l’amena à écrire peu après au major Pictet :

« J’ai gagné deux procès et me voilà ruinée[1]. »

Elle pouvait donc, moins que jamais, diminuer ses heures de travail.

Durant l’hiver de 1837-1838, Mallefille lui vint en aide, quant à ses occupations avec ses enfants. Nous trouvons d’ailleurs quelque chose d’étrange et d’inexplicable dans les relations de George Sand et de Mallefille.

D’une part, dans ses lettres à la comtesse d’Agoult et à Pierre Leroux, elle dit que Mallefille est « une nature sublime », un excellent cœur, et elle assuré même qu’elle est prête à donner pour lui « la moitié de son sang », qu’elle « l’aime de toute son âme »… et d’autre part, dans ses rapports personnels avec lui on sent un peu de dédain ou même de mépris. Ainsi, par exemple, il arriva que Mallefille écrivit, au cours de cet hiver, une lettre soit mal tournée, soit trop peu respectueuse, soit enfin pas assez correcte, orthographiquement parlant, à la charmante comtesse à qui il avait déjà, pendant l’été, fait un

  1. Correspondance, t. II, p. 108.