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pour la peinture. Aussi George Sand dut-elle se décider bientôt à faire entrer Solange dans un pensionnat, chez Mme Bascans, et Maurice s’adonna entièrement à la peinture, d’abord sous la direction de Mercier, frère du célèbre sculpteur, puis il entra dans l’atelier d’Eugène Delacroix. Mais durant les années 1837-1838, George Sand fut elle-même l’institutrice et la gouvernante de ses enfants, et si l’on se rappelle d’une part les paroles de Heine :

« J’ai assisté pendant de longues heures aux leçons de français qu’elle donnait à ses enfants, et c’est bien dommage que l’Académie française, in corpore, n’assistât pas à ces leçons, car elle en aurait pu tirer beaucoup de choses utiles[1]. »

Et si d’autre part, l’on relit attentivement les réflexions sur l’enseignement, et les déductions que George Sand avait tirées de sa longue pratique pédagogique et qu’elle publia plus tard dans les chapitres xi, xii et xiii de ses Impressions et souvenirs sous le titre de : « Les idées d’un maître d’école »[2], il faut reconnaître que Maurice et Solange n’auraient pu désirer une meilleure institutrice.

Mais ces occupations pédagogiques extra ne pouvaient aller de front avec le constant travail auquel George Sand

  1. Lutèce, p. 297.
  2. « Le maître d’école, c’est moi. » C’est ainsi que George Sand commence ces articles pédagogiques si remarquables et pourtant si complètement ignorés du public. Puis, elle nous dit qu’elle a le droit de s’intituler ainsi, ayant, toute sa vie, enseigné et appris à lire à quelqu’un : à ses enfants, à ses neveux, à ses petits-enfants et à une foule d’autres élèves de tous âges, sans en excepter les grands gars villageois. Et quoiqu’elle nous dise qu’elle n’est arrivée à ces idées sur l’éducation que par voie d’expérience et qu’elle a commis d’abord beaucoup d’erreurs, surtout lorsqu’elle donnait des leçons à ses propres enfants, nous voyons justement par toutes ses judicieuses remarques, observations et conclusions, que ses leçons n’étaient pas affaire de routine, que son enseignement devait être animé d’un souffle de vie et guidé par un esprit d’observation psychologique tout à fait exceptionnels.