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Il en était ainsi de toutes choses à tous les moments de ma vie. »

Il est très intéressant de comparer ces lignes de George Sand avec une lettre inédite de Sophie-Antoinette à Casimir, écrite en 1834, dans laquelle Mme Dupin tâche d’apaiser et de calmer le mécontentement de Dudevant envers sa femme. S’adressant d’abord à ses sentiments paternels, et lui rappelant que c’est à lui et à Aurore qu’il incombe de penser à une vie de famille régulière pour Maurice et Solange, elle continue en lui remémorant qu’Aurore n’est pas une femme ordinaire, qu’elle mérite d’être appréciée, car « son nom doit être placé à côté de celui de Mme de Staël », — preuve que malgré le peu d’éducation qu’elle avait reçue, Sophie-Antoinette était douée de sens critique et artistique, et qu’elle savait apprécier le talent de sa fille.

Les dernières paroles que prononça Sophie-Antoinette Dupin avant de mourir furent : « Arrangez-moi mes cheveux. » Elle ne démentit donc pas, même à sa dernière heure, son caractère et les habitudes de sa vie[1]. Après l’enterrement, George Sand ne revint pas à Nohant, mais s’en retourna à Fontainebleau où elle s’était installée dès avant la mort de sa mère. Dans l’Histoire de ma Vie, il est dit qu’elle s’y installa avec Maurice, donnant à penser qu’elle ne l’avait fait que pour lui ; mais il n’en est pas ainsi. Il est vrai que, dans la Correspondance, on ne trouve en fait de lettres de Fontainebleau, que celles qui furent écrites après le 24 août, c’est-à-dire à l’époque où Maurice y était déjà. Mais parmi les lettres inédites il y en a une de La Châtre, du 22 juillet, deux de Fontainebleau, du 24 et du 26 juillet, une autre ne portant que

  1. Elle mourut le 19 août 1837.