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père de Simon — cet avocat paysan (sic) — le vieux républicain Féline, a été tué en 1793 par les chouans (comme le père de Michel, en 1799).

Ce roman présente par conséquent le reflet intense des sentiments et des idées de George Sand en 1835, et l’œuvre, quoique dédiée à la comtesse d’Agoult, est, par son fond et ses détails, semblable à une offrande sur l’autel de Michel, son idole d’alors. En même temps, Simon est comme le pendant du roman précédent de George Sand, André, ou plutôt, c’est la contre-partie d’André. Là, c’est le fils d’un marquis qui s’éprend d’une jeune prolétaire, ici, la fille d’une comtesse qui tombe amoureuse d’un paysan.

Quoique André ait été écrit à Venise, il ne doit à cette ville que la raison de sa naissance. George Sand raconte dans la préface du roman qu’en entendant un jour le babillage de deux couturières vénitiennes, travaillant dans la chambre voisine, et aiguisant leur langue sur les grandes familles de Venise, elle s’était tout à coup crue transportée à La Châtre, tellement les mœurs, les habitudes, les gens et les types, vus à travers le bavardage des grisettes vénitiennes, ressemblaient aux mœurs, aux gens et aux types que Mme Dudevant avait connus en Berry. Sous l’impression de ce qu’elle venait d’entendre, atteinte du mal du pays, que ces souvenirs avaient éveillé, elle écrivit André.

Ici encore la fable du roman n’est pas compliquée. Un jeune homme noble, André, fils du marquis de Morand, fait la connaissance d’une jolie fleuriste, nommée Geneviève, et la séduit : ou plutôt il ne la séduit pas du tout, mais il l’aime pour tout de bon et ne songe pas à trouver une femme plus parfaite que cette gentille petite grisette, si aimante et si dévouée. Mais André est faible et indécis ; il ne sait pas