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Marcie et Lélia sont comme les jalons de la voie que George Sand a parcourue depuis 1833. Lélia est la question, Marcie est la réponse. Entre ces deux romans, ces deux types de femmes, entre Lélia la pessimiste qui nie tout et ne croit à rien, ni à l’amour, ni à Dieu, ni aux hommes, type tout négatif, et Marcie, cherchant la consolation chez son sage conseiller, qui tâche de lui tracer l’idéal positif, doivent être placés trois romans, trois héroïnes de George Sand, écrits entre 1834 et 1837, et dont nous n’avons rien ou presque rien dit jusqu’ici : la Sylvia de Jacques, la Fiamma de Simon, l’Edmée de Mauprat.

En parlant de Jacques dans le chapitre ix, nous n’avons effleuré que sa donnée générale, et dit quelques mots par rapport à la solution toute nouvelle de l’éternelle question de la trahison en amour, solution donnée par Jacques, qui, tout en adorant sa jeune femme, cette tendre et faible Fernande, s’éloigne d’elle et lui permet de jouir du bonheur coupable avec Octave, le plus banal des jeunes-premiers, admirateur éconduit de la mystérieuse Sylvia. Cette dernière se trouve être, dans la suite, la sœur de Fernande et de Jacques, car elle est le fruit de l’amour adultère du père de ce dernier et de la mère de Fernande. Sylvia est en tout supérieure à Octave ; c’est une sœur de Lélia, l’égale de Jacques ; c’est une amante de la solitude, une âme fière et hardie, un esprit scrutateur, ne reculant devant aucune déduction, une pessimiste qui ne se permet pas de regarder la vie à travers un voile rose, qui ne veut pas errer dans les ténèbres et qui juge des gens et de leurs actions avec une sévérité extrême et une droiture inflexible. Évidemment, Octave n’est pas à sa hauteur ; elle l’éclipse de sa supériorité, comme Lélia écrase Sténio. Octave s’éprend de Fernande à sa première rencontre avec elle. Sylvia le cède sans aucun regret. Elle pré-