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tingué marquent dans les lettres. La poésie en compte plusieurs. Les princesses sont souvent versées dans les langues anciennes, et il y a un remarquable contraste entre les ténèbres épaisses où demeure le sexe et les vives lumières dont les femmes de haute condition cherchent à s’éclairer. Ces honorables exceptions n’excitent aucune haine chez les contemporains, et sont, au contraire, mentionnées par les écrivains de leur siècle sur un pied d’égalité qui serait à tort ou à raison fort contesté dans les mœurs littéraires d’aujourd’hui[1]… »

L’ami de Marcie fait à ce propos la remarque assez mordante qu’à présent on oublie tous les apôtres et qu’on viole toutes les autres prescriptions religieuses ; mais que les maris se souviennent de saint Paul et de son impérieux principe, avec une ardeur extraordinaire et exigent que les lois basées sur ce principe soient toujours observées.

Les Lettres à Marcie se terminent par un aperçu historique où l’auteur expose comment, à l’époque où les guerres et la vie sociale moins bien organisée attiraient les hommes hors de chez eux, et où les femmes devaient diriger toutes les affaires domestiques, le ménage, l’éducation des enfants, et en avaient la responsabilité, tout allait à merveille. Mais lorsque les grandes guerres de religion et les autres prirent fin, les hommes livrés à une sorte d’inaction s’occupèrent plus des petites choses de la vie ; le siècle de Louis XIV amena « l’amoindrissement et l’énervement du caractère masculin » ; le xviiie siècle, comme une époque de vice brillant, porta aussi un coup mortel à la dignité du lien conjugal. Et voilà qu’à présent, même dans les relations jadis si nettes et si précises, tout est sens dessus

  1. Lettres à Marcie, p. 231.