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appelée à rénover le monde. Adieu, père et ami, personne ne vous aime et ne vous respecte plus que moi. »

Lamennais ne daigna pas lui permettre « d’aller plus avant », et les Lettres à Marcie ne furent jamais terminées.

Dans la préface de l’édition de librairie des Lettres, George Sand assure qu’elle n’a pas eu l’intention de propager ses propres idées philosophiques et que ces six premières Lettres n’étaient qu’une espèce de prologue où elle voulait « peindre pour commencer, l’ennui de l’isolement ». Il devait seulement faire voir au lecteur l’état d’âme de l’héroïne qui ne devait être vue qu’à travers les lettres de son ami, sans que le lecteur ait devant lui aucune de ses lettres à elle. George Sand affirme encore que :

« … Le roman a été interrompu par des circonstances qui n’avaient rien de commun avec le sujet… Je n’avais accepté l’honneur de concourir à la collaboration du journal le Monde que pour faire acte de dévouement envers M. Lamennais, qui l’avait créé et qui en avait la direction. Dès qu’il l’abandonna, je me retirai sans même m’enquérir des causes de cet abandon ; je n’avais pas de goût et je manquais de facilité pour ce genre de travail interrompu, et pour ainsi dire haché. N’ayant pas eu l’occasion de continuer en temps et lieu les Lettres à Marcie, j’ai eu bientôt oublié l’espèce de plan que j’avais conçu… »

Ayant dit plus loin que certains journaux libéraux lui ont reproché d’avoir cédé devant les difficultés, George Sand émet à ce propos une opinion très judicieuse et très juste en disant que toute œuvre naît complète, entière, dans l’esprit de l’artiste et que pour cette raison, il est très difficile, presque impossible, de la corriger ou de la changer dans la suite, opinion caractérisant parfaitement la manière de travailler de George Sand, mais qui est en