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mençant immédiatement après la nouvelle qui devait compléter le volume — ce furent les Maîtres mosaïstes ; lui, assis vis-à-vis d’elle, travaillant à ses admirables « arrangements » pour le piano des symphonies de Beethoven, transcriptions qui n’étaient nullement des transpositions banales, mais de véritables « partitions pour piano » conservant la couleur et l’ampleur des partitions d’orchestre. C’est ainsi que, dans le courant de cet été, Liszt transcrivit la première symphonie, la seconde, la cinquième et la sixième, ou Pastorale :

« Je ne sais pourquoi, dit George Sand, dans sa préface des Mosaïstes, j’ai écrit peu de livres avec autant de plaisir que celui-là. C’était à la campagne, par un été aussi chaud que le climat de l’Italie que je venais de quitter. Jamais je n’ai vu autant de fleurs et d’oiseaux dans mon jardin. Liszt jouait du piano au rez-de-chaussée, et les rossignols, enivrés de musique et de soleil, s’égosillaient avec rage sur les lilas environnants. »

Et dans sa dédicace à Maurice D……, elle ajoute : « Je vais essayer de me rappeler une histoire de celles que l’abbé Panorio racontait à Beppa, du temps que j’étais à Venise… Un jour, à propos du Tintoret et du Titien, il nous raconta l’anecdote que je vais essayer de me rappeler, si la brise chaude qui fait onduler nos tilleuls, et l’alouette qui poursuit dans la nue son chant d’extase, ne sont pas interrompues par le vent d’orage, si la bouffée printanière qui entr’ouvre le calice de nos roses paresseuses, et qui me prend au cœur, daigne souffler sur nous jusqu’à demain matin. »

Et pour se convaincre que les mots jusqu’à demain matin ne sont pas de vaines paroles, mais la pure vérité, il n’y a qu’à voir les petits billets que l’auteur, en finissant