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Mme d’Agoult avait eu d’abord l’intention de passer tout le printemps à Nohant, mais Liszt qui, dès le commencement du séjour des Fellows à Nohant, n’avait pu y faire que de courtes apparitions, dut partir, pour n’y pas revenir de sitôt, dans les premiers jours de mars, afin de prendre part à différents concerts, entre autres à celui de Berlioz, à qui il avait antérieurement promis son concours.

Les nouvelles de ses éclatants triomphes à Paris, peut-être aussi le peu de goût de son amie pour la campagne, surtout dans la mauvaise saison, décidèrent alors la jeune mondaine, toujours trop avide de faste et de succès, et au fond toujours peu équilibrée, à quitter Nohant. Elle aspirait constamment aux grandes choses et ne savait jamais où elle était le mieux. Vers la fin de mars, elle partit pour Paris, en promettant de revenir chez son hôtesse dès que l’été apparaîtrait.

Nous savons déjà comment Georges Sand passa à la campagne cette fin d’hiver et le commencement du printemps de 1837. Le temps, relativement à la saison déjà avancée, était très froid et très morne. Maurice et Solange tombèrent malades de la variole, et cette maladie, généralement bénigne, fut si grave que l’on crut que c’était la véritable petite vérole noire. Cependant, il fallait que George Sand travaillât sans trêve. Elle avait promis depuis longtemps à Buloz un nouvel ouvrage de longue haleine pour remplacer Engelwald, roman en trois volumes in-8o, qu’elle avait écrit dans le courant de l’été 1836, et dont l’action se passait au Tyrol, quoique son héros, « Engelwald au front chauve » et aux idées républicaines les mieux conditionnées, ne fût rien autre, selon toute probabilité, que le portrait du vieux tribun berrichon. Tout le roman était, semble-t-il, tellement imprégné d’idées subversives que