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Nourrit, etc. Vous entendrez de la belle musique et vous verrez de nobles figures. Vous viendrez vers dix heures et vous monterez à l’entresol où je demeure. Vous me ferez avertir par ma femme de chambre. Je descendrai du salon qui est au premier et je viendrai vous chercher, pour que vous ne tombiez pas là comme mars en carême. »

Non moins curieuse est sa lettre inédite du 31 octobre 1836 à un autre ami, M. Martineau-Deschenez :

« Cher Benjamin, envoie demain une redingote et un gilet à Mme d’A… Je ne sais pas trop ce qu’elle veut. Va la voir, elle demeure à l’étage au-dessus de moi. Elle te trouve l’air bon, je lui dis que tu en as l’air et la chanson. Elle est charmante à tous égards. Tu me remercieras de te l’avoir fait connaître… »

Déjà au printemps de cette même année de 1836, George Sand avait fait la connaissance de Lamartine et de Berryer chez Mme de Rochemure, mariée en premières noces au duc de Caylus, et qui habitait alors, au quai Malaquais, le même logement dont George Sand s’était fait un cabinet de travail au printemps de 1835, pendant que la maison était en réparation. À propos de Lamartine, elle écrivait à Liszt et à Mme d’Agoult : « J’ai fait connaissance avec lui. Il a été très bon pour moi. Nous avons fumé ensemble dans un salon qui est extrêmement bonne compagnie, mais où on me passe tous mes caprices ; il m’a donné de bon tabac et de mauvais vers. Je l’ai trouvé excellent homme, un peu maniéré et très vaniteux. J’ai fait aussi connaissance avec Berryer, qui m’a semblé beaucoup meilleur garçon, plus simple et plus franc, mais pas assez sérieux pour moi ; car je suis très sérieuse, malgré moi et sans qu’il y paraisse… » Mme de Rochemure, dame très aimable et très cultivée, avait en plus deux charmantes petites filles, ce qui fit que