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En traversant Lyon, George Sand rendit visite à quelques personnes de sa connaissance, amis de Liszt pour la plupart. Rentrée à Nohant, elle y resta jusqu’à la fin du mois d’octobre et partit ensuite pour Paris, où elle s’installa dans un logement meublé, que la comtesse d’Agoult lui avait préparé d’avance à l’Hôtel de France, rue Laffitte. Elle occupait à l’entresol le n° 21, Liszt et la comtesse d’Agoult le n° 23, à l’étage supérieur. Le salon étant commun, George Sand et Mme d’Agoult se voyaient continuellement. La comtesse, qui ne pouvait se passer de société, aimait à se voir entourée. C’est alors qu’elle conçut l’idée de créer le salon littéraire et politique qu’elle eut en effet dans la suite. En 1836, son premier souci fut de ne pas se trouver solitaire et abandonnée, à cause de sa position équivoque dans le monde. Elle, qui avait été longtemps la reine des salons du faubourg Saint-Germain, n’aurait pu se consoler de cet abandon. L’Hôtel de France devint donc temporairement le centre d’un cercle choisi et nombreux où l’on rencontrait les célébrités de tous les genres, de toutes les sphères : Lamennais, Ballanche[1] et Auguste Barchou de Penhoën[2] ; Heine et Mickiewicz ; Michel, Charles Didier et Louis de Ronchaud ; Chopin et Nourrit ; Victor Schoelcher et

  1. Ballanche, membre de l’académie française, poète et philosophe, né en 1776 à Lyon, mort à Paris en 1817. Après une triste jeunesse maladive, Ballanche est resté tout le reste de sa vie enclin aux méditations solitaires et à la contemplation. On a de lui des poèmes (Orphée. Antigone), un roman (l’Homme sans nom). Il est surtout connu par son Essai sur la palingénésie sociale, qu’il n’a d’ailleurs pas terminé. Ses écrits pénétrés de mysticisme ne manquent pas de talent poétique et d’idées élevées. Les œuvres complètes de Ballanche ont paru en 1832, en 6 volumes in-8o.
  2. Auguste-Théodore-Hilaire, baron Barchou de Penhoën, né à Morlaix en 1801, mort en 1855, historien et publiciste, adepte de Ballanche. Il fut un des premiers rédacteurs de la Revue des Deux-Mondes, publia plusieurs ouvrages très sérieux sur les philosophes allemands et en traduisit d’autres.