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de 1837) avait raison de s’écrier avec étonnement, en s’adressant aux Parisiens : « George Sand nous arrive ! Prêtez l’oreille ! il revient des montagnes avec Liszt, son compagnon ! Ils reviennent bras dessus, bras dessous, le musicien et le poète, et cette fois, par une révolution inattendue, ce n’est plus le musicien qui fait la musique sur les paroles du poète, c’est le poète qui fait les paroles de la musique. Quoi de plus magnifique que cet hymne entonné par George Sand sur la chanson du Contrebandier. Aussi, musiciens et poètes ont-ils également battu des mains à cette interprétation toute poétique dont nous n’avions pas d’exemple parmi nous… »

« Le Contrebandier, paraphrase fantastique sur un Rondo fantastique de Franz Liszt, » est loin de pouvoir être rangé parmi les meilleurs ouvrages de George Sand, de même que El Contrabandista n’appartient pas aux productions les plus parfaites de Liszt. Ce Rondo, — série de variations sur un thème espagnol, — ne se distingue ni par la perfection technique ni par le brillant pianisme de Liszt, ni par l’inspiration qui caractérise les pièces ultérieures qu’il a écrites en ce genre. Il est possible que le jeu merveilleux du compositeur donnait une teinte, une couleur précise à chacune des variations de la pièce, mais dans toute autre exécution et par elles-mêmes, ces variations sont positivement incapables de faire surgir dans l’âme de l’auditeur des tableaux que nous rêvons involontairement quand nous entendons, par exemple, la merveilleuse fantaisie sur le thème du Dies iræ (La Danse Macabre). Pour nous, nous avons de la peine à comprendre que George Sand ait pu s’imaginer, en entendant ces variations, tout ce qu’elle a représenté dans le Contrebandier. C’était, il est vrai, une George Sand et