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que l’auteur d’Indiana, de Valentine et d’André ne se défendît pas elle-même. Après quoi, ayant reçu des mains de son adversaire la lettre d’Aurore Dudevant à son mari, dont Thiot-Varennes venait de se servir, il lui lut en entier les vingt pages. George Sand y raconte, comme nos lecteurs le savent déjà, le dénouement de son roman de Cauterets terminé d’une manière si touchante au pied des Pyrénées, devant la vaste grotte de Lourdes. Le sténographe de la séance nous dit que ce fragment « écrit à vingt ans avec une magie de style, un coloris brillant, digne des plus belles pages que l’auteur de Jacques a écrites depuis », fit une impression inénarrable, indescriptible.

Michel revint de son côté à la vie conjugale des Dudevant, mais, loin de porter aux nues la générosité de Casimir, il exprima le regret que Dudevant n’eût pas « le talent de la divination » lorsqu’il traitait sa femme d’idiote, de stupide, etc. Il fit également un retour sur les événements de 1828 à 1831, mais ce ne fut pas pour y trouver les beaux sentiments du mari, comme Varennes, mais pour en tirer la conclusion que Casimir aimait Nohant et l’argent bien plus que sa femme, et qu’on n’avait pas à rappeler ici la rente que Casimir lui payait assez mal, mais bien le fait qu’après la plainte portée contre lui le 30 octobre 1835, il consentit à l’arrangement du 12 novembre, en soutirant adroitement la promesse d’une rente de cinq mille francs. Son appel du 14 avril est « un véritable mouvement de démence judiciaire ». C’est Casimir qui est le seul coupable, Aurore seule a le droit de demander la séparation, car les trois motifs exigés par la loi : « excès, sévices et injures » sont bien constatés. S’adressant ensuite à Casimir, Michel continue : « N’est-ce pas vous qui l’avez forcée à désirer la séparation volontaire ? N’est-ce pas vous qui l’avez forcée