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en assurant qu’elle répond subito, et tout en répondant à l’image que George Sand avait faite d’elle-même en s’appelant porc-épic, et s’intitulant, à son tour, tortue renfermée sous ses écailles, la comtesse semble souligner, et cela dès les premières lignes, sa lenteur ; c’est avec intention aussi qu’elle parle du cadeau de Liszt pour ses étrennes — « une magnifique perle montée en forme de tortue, symbole, suivant lui de la rapidité et de la mobilité de ses pensées ». George Sand ne put passer à Nohant quelques semaines (deux ?) qu’entre le 19 octobre et le 3 novembre, car à partir du 3 novembre jusqu’au jugement du 16 février, elle resta tout le temps chez les Duteil ; elle ne put rentrer à Nohant qu’après. Mais après ce jugement, le 17, elle était encore à La Châtre, le 18, idem, le 20, elle y était également le 26, et le 28 elle était à Bourges, le 5 mars de nouveau à La Châtre, vers le 15 mars à Paris. On voit par là que, au cours de cet hiver et « après » le jugement, elle ne put faire à Nohant qu’un séjour de quelques jours[1].

  1. Par la correspondance de George Sand avec l’abbé Rochet (voir chap. xiii), nous soyons qu’au cours de cet hiver elle ne venait à Nohant que pour quelques heures, pour une journée tout au plus. Ne voulant pas d’abord confier à l’abbé, qu’elle ne connaissait encore que fort peu, les causes véritables de son absence, elle lui écrit de La Châtre… « Je dois pour ne pas vous exposer à m’attendre ou à ne pas me rencontrer, vous prier de m’avertir un jour ou deux à l’avance ; occupée d’un procès grave, je suis souvent en courses dans les environs et je craindrais d’être précisément absente si je n’étais prévenue. Je pense que je passerai chez moi à Nohant, la semaine où nous allons entrer et que je serai absente la semaine suivante, pour revenir chez moi dans quinze jours… » (Lettre du 5 décembre.) Mais lorsque l’abbé, tout en l’ayant prévenue par une lettre du 12 décembre, qu’il y arriverait le 21, vint au jour dit, il ne l’y trouva pas, et elle dut en grande hâte arriver de La Châtre pour passer une soirée en causeries philosophiques avec l’abbé. Elle retourna pourtant immédiatement après chez les Duteil. Et l’abbé, de son côté, ne lui adressa plus les lettres « à Nohant », comme auparavant.
    Par les lettres inédites de Rollinat à George Sand et par une lettre de cette dernière à l’abbé, datée du 11 février, nous voyons qu’elle et ses amis avaient d’abord espéré que la séance du tribunal aurait lieu le