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même, et comme j’ai une jolie chambre bien propre pour travailler, je me trouve là aussi bien qu’ailleurs… »

Dans l’Histoire de ma Vie, George Sand raconte qu’après le premier verdict du tribunal qui lui rendait Nohant avec ses enfants, elle était allée habiter sa vieille maison, alors à l’état de maison déserte par suite de l’absence de son mari et de ses enfants et du congé donné aux anciens serviteurs, et qu’elle y avait passé quelques semaines, en pleine solitude, en attendant l’arrivée de Dudevant au pays pour procéder à la liquidation des biens. Sa solitude semble avoir été absolue, car, dit-elle, « je ne gardai que le vieux jardinier de ma grand’mère, établi avec sa femme dans un pavillon au fond de la cour. J’étais donc absolument seule dans cette grande maison silencieuse. La femme du jardinier n’entrait dans la maison que pour faire ma chambre et m’apporter mon dîner. Je ne recevais même pas mes amis de La Châtre[1] »… »

Toutefois par une lettre à la comtesse d’Agoult, datée du 1er novembre 1835[2] nous voyons au contraire que c’est en automne, immédiatement après la fuite de Dudevant, qu’elle a vécu d’une vie toute solitaire à Nohant. M. Rocheblave[3] attribue cette lettre à janvier 1836, sa première partie semblant être une réponse à la lettre de Mme d’Agoult du 22 novembre et précédant celle du 15 janvier. Mais si c’est exact pour la première moitié de la lettre — la dernière fut sûrement écrite en automne. Quant à la lettre de la comtesse datée du 15 janvier, elle peut parfaitement être considérée comme une réponse tardive à la lettre de George Sand, écrite bien avant janvier, et c’est même pour cette maison que tout

  1. Histoire de ma Vie, t. IV, p. 388-389.
  2. Correspondance, t. I.
  3. Voir : Une Amitié romanesque.