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mêmes idées et convictions que dans la première, quoique ici peut-être un peu plus irréfléchis).

Ces éléments sont pour nous : 1° la prédication de la liberté individuelle, voire de la liberté de la passion, et, en particulier, du droit de l’artiste à une liberté plus grande que celle des hommes ordinaires ; 2° la défense de la liberté de conscience en matière de religion ; 3° la prédication de la liberté sociale et de l’égalité, — de là les sympathies démocratiques de George Sand et la glorification des gens du peuple dans ses romans ; 4° l’amour de la nature et de la vie champêtre, — de là une prédilection pour la peinture de la nature et de la vie rurale. Au lieu de diviser les œuvres de George Sand en trois périodes, il serait donc plus juste, d’après les éléments que nous venons d’indiquer, de les distinguer en quatre groupes. Nous nous rangerions volontiers aussi à l’avis de l’auteur anonyme d’un article sur George Sand paru dans le n° 69 du tome III de l’Illustration (samedi, 22 juin 1844), qui voit deux périodes dans son action littéraire : une première période personnelle et inconsciente, et une seconde période sociale et consciente, les Lettres d’un voyageur faisant la liaison entre ces deux périodes.

Les années 1835 à 1837 apparaissent donc comme des années de crise dans la vie privée et littéraire de George Sand.

Remettant pour le moment l’analyse des grands romans écrits et publiés pendant ces deux années, nous nous arrêterons sur deux petites œuvres, selon nous très caractéristiques, l’une parue au printemps de 1835, l’autre en l’automne de 1836. Ces deux ouvrages sont comme des jalons qui marquent le chemin que la célèbre romancière a parcouru dans le cours de cette année. Nous parlons du