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dans le développement de ses idées sur l’art, et de voir qu’elle a même tâché d’attribuer tout ce rôle à d’autres célébrités qui l’entouraient durant la période de ses recherches de la vérité. Mais le critique impartial qui compare les œuvres et les lettres de Liszt à celles de George Sand ne laisse pas de remarquer l’action évidente que ces deux grandes natures d’artistes ont exercée l’une sur l’autre. Selon le biographe de Liszt, Mlle Lina Ramann, ce serait George Sand qui, au début de leur amitié, aurait eu une influence fatale et pernicieuse sur le jeune musicien en développant en lui un romantisme excessif et en nourrissant en son âme, au détriment des qualités morales, les éléments de la passion déjà suffisamment puissants en lui à l’âge qu’il avait alors. Mais n’oublions pas, encore une fois, que l’on ne doit pas ajouter foi à tout ce que l’abbé Liszt a raconté dans sa vieillesse, lorsqu’il devait nécessairement blâmer la conduite de ses jeunes années. En outre, l’action littéraire de George Sand sur Liszt écrivain nous offre bien plus d’intérêt et d’importance que l’influence générale de l’esprit romantique sur les sentiments et les idées de la jeunesse d’alors, partagés par l’auteur des Rapsodies et des Années de pèlerinage.

Quoi qu’il en soit, en 1835 George Sand, Liszt, et Mme d’Agoult s’écrivaient constamment et souhaitaient de se revoir. Toutefois, malgré tout son désir de profiter des invitations réitérées de Liszt et d’aller en Suisse, Aurore Dudevant ne s’y rendit pas cette année-là, et ses amis l’y attendirent un bonne dizaine de mois. Voici quelques lettres inédites de Liszt, de la première moitié de 1836, qui nous prouvent combien l’amitié de l’illustre musicien pour son ami le Voyageur était grande et sincère :