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certain, car tout ce qui dure a une base plus large. Ils peuvent enfin, descendant au fond des entrailles de la société, recueillir en eux-mêmes la vie qui y palpite, la répandre dans leurs œuvres, qu’elle animera comme l’esprit de Dieu anime et remplit l’univers. Le vieux monde se dissout, les vieilles doctrines s’éteignent ; mais au milieu d’un travail confus, d’un désordre apparent, on voit poindre des doctrines nouvelles, s’organiser un monde nouveau ; la religion de l’avenir projette ses premières lueurs sur le genre humain en attente, et sur ses futures destinées : l’artiste en doit être le prophète[1]. »

Nous avons exposé dans la mesure de nos forces les principales idées de Lamennais dans son Essai de philosophie, et nous avons esquissé les principaux traits de l’évolution de son esprit dès les premiers pas de son activité littéraire jusqu’à sa mort, pour ne plus revenir sur ce sujet et ne plus avoir à en rendre compte lorsque nous les retrouverons plus loin dans les œuvres de George Sand. C’est ce qui nous permettra de nous borner à citer la source chaque fois que George Sand aura puisé aux doctrines du célèbre écrivain. C’est bien avec intention que nous nous sommes étendu sur la personnalité et l’œuvre de Lamennais en même temps que nous avons montré l’évolution de l’idéal artistique et social de Liszt, car c’est par Liszt que Lamennais a fait la connaissance de George Sand, et c’est encore Liszt qui, en 1835 déjà disciple et ami intime de l’illustre abbé, a aidé George Sand à comprendre et à s’assimiler sa doctrine. Voilà pourquoi nous allons nous permettre de revenir sur la part que Lamennais a eue dans la vie de Liszt.

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