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l’idée rendue saisissable aux sens[1]. » De même que l’action de l’homme sur la nature n’a pas de limite, mais progresse proportionnellement au développement de l’esprit humain, l’art n’a non plus aucune limite, mais avance toujours et doit nécessairement progresser en proportion du développement de l’humanité ; il serait absurde, insensé de vouloir l’arrêter et le comprimer dans la forme du passé. La forme sans l’esprit c’est la mort ; c’est pourquoi toutes les tentatives essayées pour faire retourner l’art à ses anciennes formes sont toujours restées sans succès : l’esprit qui les avait créées a vécu son temps, il est mort, et les idées et les croyances qui les avaient inspirées sont aujourd’hui ensevelies dans la poussière des siècles. Le but final de l’art, l’incarnation du Beau absolu, se trouve dans un avenir infiniment lointain. Et ce ne sera qu’alors que l’homme arrivera à la compréhension de l’absolument Vrai, à l’union, à la fusion avec l’Être Suprême. Déjà maintenant, dans la sphère circonscrite du beau relatif où l’homme se trouve, il passe devant lui quelques lueurs du vrai et, à chaque pas qu’il fait, il voit s’étendre le champ de la compréhension.

La troisième sphère de l’activité de l’homme — activité tendant à pénétrer la raison et la nature des choses et de la vérité pure, l’activité de l’esprit, — c’est la Science. Lorsque l’humanité aura parcouru entièrement cette sphère, ce cercle évolutif, vers lequel tend tout ce qui a vie, tout ce qui est créé, se fermera, et s’accomplira l’union complète et absolue avec l’Éternel, union qui n’aura pas de fin.

Ces thèses générales sont suivies chacune de leurs con-

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